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  • Mathilde Boileau

BACK FROM CANADA

Dernière mise à jour : 20 juin 2019


Canada, la Tuque, avril 2019

BACK FROM CANADA

Ça fait maintenant plus de deux mois que je suis rentrée du Canada. Les premiers temps ont été relativement difficiles car je n’avais pas exactement achevé mon processus de transformation. Je n’avais pas encore pris de décision sur mon avenir.

Mais alors, qu’est-ce-qui s’est passé au Canada ?

Ce pays est fantastique. Nos cousins les Québécois ont une fraîcheur incroyable. Ils sont bienveillants, drôles et adorables en toutes circonstances. On a vraiment la sensation de pouvoir être soi même là-bas, sans aucune limite.


Mais quel est leur secret ?

J’en sais rien. J’ai comme l’intuition qu’il y a une part d’irrationnel dans cette perception. Comme si le fait de croire que là-bas tout est possible, ça le devenait. Néanmoins, il faut également admettre qu’on se sent beaucoup moins jugés. On est plus libres de faire toutes les choses abracadabrantes qui nous passent par la tête.


DESCARTES OU LE “JE PENSE DONC JE M’ENNUIE”

Durant mes voyages, j’ai discuté avec de nombreux étrangers et la quasi-totalité me donnait un constat sans ménagement : la France est magnifique mais alors les Français… C’est vrai qu’on a quand même un vrai problème avec l’accueil chez nous.


J’ai l’impression qu’on a peur de tout et de tout le monde. Disons qu’on a du prendre un peu trop au sérieux le conseil de nos parents qui nous disaient : “surtout, n’adresse pas la parole à un étranger”.

Et puis, ma thérapeute adorait me rappeler qu’on est le pays de Descartes “Je pense donc je suis”. On réfléchit avant d’agir. Et des fois, ça nous empêche de passer à l’action car le mental nous fait peur en pensant aux conséquences.


Si l’assertion du philosophe des Lumières a certainement eu du bon pendant des siècles, à l’heure actuelle il paraît plus nous handicaper qu’autre chose. En tout cas, il m’handicapait. Je trouve qu’il nous pousse en grandissant à faire taire notre enfant intérieur, le créatif, celui qui s’enjaille d’un papillon transphobique ou encore d’un drôle de son venant du vent. Il me rappelle bien trop la religion et toutes les phrases d’un négatif effarant comme “il faut souffrir pour être belle”, “ne te réjouis pas trop vite”. On vit dans une société de rabat-joies.


DEVENIR UN REQUIN, LA RECETTE SECRÈTE DU BONHEUR SOCIÉTAL

Même si je me dis qu’on a plusieurs vies, ça n’empêche pas qu’il faille profiter à fond de toutes les belles opportunités qui s’offrent à nous.

De mes 64 publications instagram, cette photo est celle qui a fait le plus de like. Comme quoi ces petites bouilles d'anges apportent du bonheur au plus grand nombre <3

Dès la plus tendre enfance, à l’école, on nous met en compétition les uns avec les autres. On nous dit qu’il faut être le meilleur. Au travail, c’est la même sauce dans la majorité des cas. La compétition nous amène à vivre dans un monde de requins.


Au Canada, j’ai rencontré Isabelle et Louise (et leurs 3 chiens), chez qui j’ai dormi pendant deux nuits. Louise est la créatrice du Studio de Yoga Inspiration à Drummondville. Dans la salle où sont donnés les cours de Yoga, il y a écrit sur son mur : “L’important n’est pas la performance mais la progression.”


Par cette citation, la vision toute entière de la vie change. Au lieu de toujours vouloir être meilleur que les autres, ne faut-il pas plutôt chercher à devenir une meilleure version de soi-même ? Ça me parait être un bien meilleur chemin pour être heureux. Et je suis pas la première à l’avoir pensé.


LE RETOUR DE MATHILDE, ACTE 1 SCÈNE 2

Pour ma part, je crois pouvoir affirmer que lorsque j’ai terminé de faire le tour de moi-même, je suis devenue une meilleure Mathilde Boileau. Plus vraie. Plus solide. Pendant des années, j’ai eu l’impression de jouer un rôle. Celui d’être bien dans ma tête, dans mon travail, dans ma famille, avec mes amis, avec mon groupe de musique. La vérité c’est que je n’étais bien nulle part. J’étais très en colère contre les gens car j’avais la sensation qu’ils n’étaient pas assez bien, pas assez à l’écoute, pas assez gentils, pas assez généreux.


Et puis, un jour, c’en était trop. Mon corps s’est arrêté. Il m’a obligé à voir qu’il ne pouvait plus vivre dans ces conditions. Il ne voulait plus vivre du tout si c’était pour vivre une vie de frustrations et de ressentiments. On était le 31 décembre 2017.


J’avais, les mois précédant cette date, fait carrément n’importe quoi avec lui, et avais complètement rompu la communication. Je n’ai même pas compris qu’il démissionnait ce soir là. Je croyais juste être faible. Je croyais juste qu’il me faisait un caprice.


À l’époque, je savais qu’il fallait faire une croix sur le calendrier pour me souvenir de ce moment. Je croyais que je m’en souviendrai comme du moment le plus honteux, le plus injuste et le plus dur à la fois.


LA CROISADE VERS LA LIBÉRATION

Puis les jours ont passé et je n’allais pas mieux. Les médecins ne m’aidaient pas. Ma famille me soutenait mais ne parvenait pas à m’aider non plus. Mes amis étaient inquiets. Je niais la gravité de la situation. Je me disais qu’il fallait simplement que je trouve le ‘bon bouton” pour repartir. Il m’a fallu 5 mois pour comprendre. Comprendre que j’allais devoir tout changer. Et comprendre que la seule personne qui pouvait m’aider, c’était moi. Les autres ne sont que le reflets de nous-même.


J’ai débuté ce que je pourrais appeler la croisade des rendez-vous paramédicaux. J’ai découvert plein de corps de métiers différents en médecine parallèle (naturopathe, kynésiologue, réflexologue, énergéticien, practicien reiki, hypnothérapeute). Je me suis découvert une passion pour la spiritualité et le développement personnel. J’ai peu à peu compris que plus je cherchais à découvrir le monde, la nature, la biologie, les croyances diverses, plus je guérissais. Je dois dire que j’avais une grande chance que d’autres n'ont pas : j’avais suffisamment d’argent pour mener à bien cette croisade rapidement.


Et puis, après avoir enfin osé m’avouer et osé prendre la décision de quitter mon travail, j’ai décidé de partir pour la plus incroyable des aventures : le tour de moi-même.

La plus belle thérapie du monde. Ça évite 10 ans de psychanalyse. Je suis partie faire mon pèlerinage à moi.


TROUVER LE BOUTON DE LA LUMIÈRE QUAND LES PLOMBS ONT SAUTÉ

J’avais très peur de fuir en partant alors que c’est tout l’inverse. Ce fut magique. Je suis partie me chercher. J’ai allumé chaque pièce de mon cerveau et de mon cœur. On part pour mieux revenir.


L’été dernier, je doutais de mon départ pour l’étranger. Mon ami Hugo, qui revenait d’un voyage de 9 mois en Asie, m’a rassuré en me confiant qu’il n’avait jamais rencontré personne qui avait regretté d’être parti. Ma famille, et surtout mes deux parents, auraient voulu que je décide de ma vie future, que je m’inscrive dans une formation, que je reprenne un autre travail immédiatement après mon départ de ma précédente activité professionnelle. Mais j’en étais tout bonnement incapable. Mon corps et mon esprit n’étaient pas prêts.


Désormais, ils le sont. J’ai rétabli une bonne communication entre eux. Je mange à ma manière, passionnée par la nutrition et la compréhension des émotions internes. En partant, j’ai surtout réussi à faire quelque chose qui m’était jusque-là impossible : j’ai lâché prise. C’est aussi effrayant qu’essentiel à une vie meilleure.


Les chutes de Montmorency, au Québec, près de Québec.

LE SECRET DE LA VIE

Et puis, il y a quelques jours, alors que je projetais d’attendre tranquillement mon équivalence Bac +3 avant de reprendre mes études, un événement est venu troubler mon équilibre cosmique un peu trop beaucoup calme : mon grand-père maternel est décédé à l’âge de 81 ans d’un cancer généralisé qui a débuté dans son poumon.


Pour être totalement transparente, je n’étais pas très proche de lui. Nous avons passé très peu de temps ensemble durant ma jeunesse. Cependant, lorsque ma mère m’a annoncé sa mort, j’ai reçu un coup indescriptible. La réalisation immédiate d’une disparition éternelle. Des larmes, beaucoup de larmes. De la tristesse. De la mélancolie aussi. La mélancolie d’une relation qui s’achève sans avoir le sentiment qu’elle ait réellement commencée. Et une mélodie qui revenait dans ma tête, comme un mantra, celle de David Halliday qui chantait “tu ne m’as pas laissé le temps de te dire tout ce que je t’aime” sans savoir si elle m’appartenait à moi ou à mon grand-père.


Repose en paix, papi, je sais que tu veilles sur nous maintenant <3


Pont présent aux chutes de Montmorency.
Le pont. Pour faire le point.

TU POUSSES LE BOUCHON UN PEU TROP LOIN MAURICE

J’ai su instinctivement que sa mort allait changer beaucoup de choses dans ma vie. Déjà, je suis partie marcher 14 km autour du jaunay sans eau et sans pause. Ça m’a démontré que mon corps était de nouveau au rendez-vous. Et ça m’a ouvert l’esprit sur la nécessité de redescendre sur terre. J’ai eu besoin pendant quelques mois de discuter en profondeur avec mon enfant intérieur et faire ce qui me plaisait sans me juger et sans me freiner. Mais ce temps là est révolu. Il est venu le moment de remettre du rythme dans ma vie.


Avant, je n’arrivais plus à me donner une heure de réveil. Mon corps refusait de se lever. La moindre pointe de stress me faisait sombrer dans les abîmes de l’angoisse et de l’inquiétude disproportionnées. Maintenant, je sens que je peux supporter de nouveau le poids des responsabilités. Je vais trouver une saison ou une activité bénévole rythmée cet été. Tester mes nouvelles limites, tout en continuant à écouter mon corps. Je veux remettre un pied dans le “vrai” monde.


NOUVELLES AVENTURES COMING SOON

Aussi, j’ai pris la décision de vendre ma maison. En septembre ou octobre prochain.


Et là vous vous dites comme moi : “mais du coup tu veux aller où ?”


Je ne sais pas vraiment. Je ne sais pas si je veux vraiment partir voyager. Enfin, j'ai la France qui me fait de l’œil et quelques pays d'Europe. Mais je me rends bien compte que j’ai malgré tout besoin de revenir voir mes amis et ma famille sur la côte de temps en temps. Alors l’option du van, de la caravane ou du camping-car est en train de mûrir. Le temps de la décision n’est pas encore venu. Là je dois juste lâcher prise et profiter de l’instant présent. Je cherche encore le mode d’emploi de la dernière partie. Si quelqu’un la possède, je lui envoie mon adresse.


Je sens que je suis à un tournant. Ma crise existentielle est terminée. Je fais mes choix. Je prends mes décisions. Je fais des vœux pour l’avenir. Je tente de mettre en ordre mes idées pour poser des bases saines pour mes futurs projets. J’ai souffert dans mon ancienne vie du syndrome de l’imposteur. Le sentiment profond et inexplicable de ne pas mériter ce qui nous arrive.


Désormais, je suis les lignes du chemin que je me suis tracé. Je sais que quoiqu’il arrive, je ne regretterai jamais mon départ, mon changement de vie. Je ne suis pas à l’abri de me tromper sur la manière de parvenir à mes fins. Cependant je vais continuer à croire en ma bonne étoile, je vais continuer à avoir assez confiance en moi pour poursuivre ce qui me paraît être le bon chemin.


Grosso modo, voilà ce qui m'a été dessiné. Du grand art, je sais. C'est ce que je me suis dit. Simple mais brillant.

DESSINE MOI UN MOUTON

Et pour ça, je vais suivre le conseil d’un parfait inconnu rencontré à Villefranche-sur-mer lors de ma première expédition vers Rome. Alors que je tournais quelques images pour mon clip “Shame”, il est venu m’aborder. Il a cru que j’étais une artiste plus ou moins accomplie ou peut-être quelqu’un qui souhaitait vivre de sa passion. Il a ramassé un bâton sur la plage et a dessiné un cercle. Il m’a dit : “le cercle, c’est la société.” Après avoir pointé l’intérieur puis l’extérieur du cercle, il ajouta : “si tu veux être une artiste et faire passer des messages, tu dois garder un pied dans la société, et un pied hors de la société. Les gens marginaux ne sont pas écoutés. Ils le sont à posteriori mais pas dans le présent. Alors, regarde bien ce cercle, ces deux points, et trouve ton équilibre.”


Vivre*. Croire en mes rêves. Voilà le programme.


Le 31 décembre 2017 restera l’un des jours les plus importants de ma vie. Ce ne fut pas l’apogée de ma faiblesse comme je l’ai cru au départ, mais plutôt le jour où mon corps m’a sauvé en me posant l’ultimatum suivant : tu vis vraiment ou tu meurs.


Vous l’avez suivi à travers mon histoire, j’ai choisi de vivre. De vivre pleinement. Avec la tête souvent dans les nuages mais les pieds passablement ancrés. Avec la conviction que tout est possible mais la nécessité de se souvenir que tout est toujours une question d’équilibre. Il ne me reste qu’à le trouver.


Paix dans vos âmes, paix dans vos cœurs, paix dans vos têtes <3



 
 

Presque le clap de fin.

*Notion très très subjective qui devrait se résumer selon moi à l’expression favorite des pros du développement personnel : LÂCHER-PRISE.

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